Le 2 octobre dernier, j’ai eu le plaisir d’être invitée par Covartim pour animer un workshop sur les relations investisseurs au MedTech MeetUp 2020. Je reviens ici sur quelques points clés qui peuvent vous aider à améliorer votre communication financière. Après tout, les investisseurs ne sont pas tous experts dans votre domaine et méritent aussi quelques explications supplémentaires, non ?

“Back to basics”: petite définition de la communication financière

La communication financière est une discipline particulière qui fait partie de la communication institutionnelle (“corporate”) de l’entreprise et qui englobe les relations investisseur. Son objectif principal vise à donner un état des lieux régulier de l’impact des activités menées sur la création de valeur économique et financière de l’entreprise. Elle concerne essentiellement les sociétés cotées, mais peuvent aussi être utilisées par les entreprises non cotées qui souhaitent communiquer régulièrement auprès de leurs investisseurs.

À qui s’adresse la communication financière ?

Par définition, la communication financière concerne, au premier chef, les personnes (morales ou physiques) qui investissent dans une entreprise : les actionnaires particuliers, les gestionnaires de fonds ou encore les partenaires. Les investisseurs doivent être régulièrement informés de la santé financière d’une société (de ses résultats et de ses perspectives), afin de gérer au mieux leur portefeuille et de protéger leurs intérêts.

Les investisseurs ne se contentent pas de la communication de l’entreprise pour alimenter leur réflexion. Ils s’appuient également sur l’avis d’experts sur le sujet (la technologie, la science, le domaine thérapeutique) et spécialisés sur le marché (pharmaceutique dans notre cas) qui fournissent des analyses détaillées ainsi que des recommandations.

Qui sont les autres acteurs qui influencent la relation avec vos investisseurs ?

Les analystes financiers qui rédigent des notes souvent très attendues par les entreprises et le marché une fois les résultats financiers ou cliniques publiés et reprenant : une synthèse des informations communiquées, des estimations de l’évolution de la valeur capitalistique de l’entreprise, des conseils sur la gestion du portefeuille (achat, vente, maintien).

Il y a aussi les journalistes spécialisés (presse économique et financière) dont le décryptage vise à aider les non spécialistes (dont les décideurs publics) à lire, entre les lignes, la réalité de l’entreprise derrière les messages communiqués : quelles peuvent être les intentions de l’entreprise derrière la stratégie adoptée ? Les messages actuels sont-ils cohérents avec les annonces faites par le passé ? Que peut-on en déduire ? Existe-t-il un cas similaire qui pourrait mettre le sujet en perspective ?

5 catégories d’information que l’entreprise devrait communiquer à ses investisseurs

  1. Un bilan chiffré. L’évolution du capital investi, la répartition de ce capital, les dépenses effectuées (et engagées), les revenus générés, les bénéfices dégagés, les pertes essuyées et les perspectives opérationnelles et financières notamment.
  2. Les évènements clés qui donnent (ou font perdre) de la valeur à l’entreprise : des résultats précliniques ou cliniques, des partenariats (industriels ou académiques), des accords commerciaux (vente, distribution, licence), l’expansion du portefeuille de brevets, l’arrivée de nouveaux membres au sein de l’équipe dirigeante, des acquisitions technologiques importantes, l’obtention de certaines certifications (comme par exemple un marquage garantissant l’origine du produit et le respect des normes en matière de sécurité, de santé ou de protection de l’environnement), la levée de nouveaux fonds, des publications scientifiques dans des revues renommées, des litiges éventuels, etc.
  3. Les grandes lignes des activités scientifiques et cliniques en cours et les perspectives de développement : avancement des essais cliniques, évolution des programmes de R&D, plan de développement clinique (nouvelles approches, nouvelles indications, etc.), le calendrier (l’entreprise délivre-t-elle dans les délais annoncés ? Quelles sont les prochaines grandes étapes à franchir ? À quel horizon ?).
  4. La vision et la stratégie de l’entreprise : retour sur l’année écoulée, ambitions pour le futur (développement, croissance, positionnement), regard sur le marché, parti pris sur la culture de l’entreprise, etc. Ces messages émanent toujours du Président du Conseil d’Administration et du Président Directeur Général de l’entreprise ou du groupe.
  5. Des informations vulgarisées : à propos de la technologie développée (structure, composition, mode de fonctionnement, avantages), du domaine de recherche (immunologie, cardiologie, neurologie, génomique, etc.), des indications ciblées (cancers, diabète, maladies neurodégénératives, rares, chroniques, inflammatoires, etc.), du déroulement des études cliniques (phases, recrutement de patients, centres où les essais sont menés, etc.), etc.

Conclusion

Communiquer avec les investisseurs ne se résume pas à donner des chiffres. Construire la relation avec eux implique une ouverture et une mutualisation des connaissances scientifiques qui permettront aux personnes qui investissent dans votre entreprise, de mieux en cerner les tenants et les aboutissants, mais aussi d’envisager les attentes réelles qu’ils peuvent avoir à court et à moyen terme. Je vous laisse réfléchir à ces différents éléments.